Les frontières vestimentaires n’ont jamais été aussi mouvantes entre les genres. Des maisons historiques adaptent leurs collections à des codes hybrides, tandis que de jeunes créateurs revendiquent l’absence totale de distinction. Le terme “no gender” s’impose dans les défilés et conquiert les vitrines.
No gender : quand la mode bouscule les codes traditionnels
En 2025, les tendances mode ouvrent une nouvelle ère créative pour les maisons et les créateurs. Sur les podiums du Royal Albert Hall, les Fashion Awards n’ont laissé aucune place aux étiquettes : ici, la direction artistique s’émancipe, les normes s’effacent. Le British Fashion Council l’affiche : place à la liberté stylistique, à l’expérimentation, à l’insolence de la nouveauté. Les collections signées Jonathan Anderson et Martine Rose deviennent des manifestes. JW Anderson décompose les silhouettes, s’affranchit de la masculinité ou de la féminité attendues. Martine Rose, pionnière du genre, brouille les pistes entre codes urbains et tailoring, sans allégeance à aucune catégorie.
Cette dynamique attire de nouveaux visages. Grace Wales Bonner, récompensée British Menswear Designer of the Year, prend la tête de la mode masculine chez Hermès, prouvant que les frontières entre vestiaires ne signifient plus grand-chose. Les directeurs artistiques des maisons Givenchy, Chanel, Miu Miu ou Maison Margiela explorent, interrogent ce que peut être un vêtement sans genrer. Ils répondent ainsi à une génération qui refuse de se laisser enfermer dans le binaire, tout en préservant le savoir-faire des ateliers parisiens ou européens.
Quelques initiatives et distinctions illustrent ce mouvement :
- Fashion East, sous la houlette de Lulu Kennedy et Raphaelle Moore, continue de soutenir les talents qui secouent la scène, à l’image de Steve O Smith ou Yanis Miltgen.
- Cette diversité se retrouve aussi dans les prix : Daveed Baptiste, sacré Empowered Vision 2025, ou Steve O Smith, lauréat du prix Karl Lagerfeld et finaliste du Prix LVMH 2025, incarnent cette énergie qui bouscule tout.
La France et l’Europe, fers de lance du secteur, accompagnent ce tournant. Les directeurs artistiques réinventent le langage du vêtement, tandis que les maisons de luxe font de la mode no gender un terrain d’expression inédit, propice à toutes les audaces.
Pourquoi la tendance no gender séduit-elle autant en 2025 ?
Sur les podiums des grandes villes, la mode no gender s’impose comme le choix d’une génération qui valorise l’unicité plutôt que les cases. Les défilés voient passer Anok Yai, élue mannequin de l’année 2025,, Alex Consani, Alva Claire pour Martine Rose, Simone Rocha ou Alexander McQueen : chaque look fait écho à l’envie d’en finir avec les séparations artificielles. Plus de prescription : le vestiaire se libère, la collection s’invente au pluriel.
Les réseaux sociaux amplifient l’allure du phénomène. Sur Instagram, chaque création partagée devient virale, et Vogue France consacre sa une à la fluidité, érigeant la tendance en manifeste culturel. Les designers captent cette soif d’expression et la traduisent dans des vêtements hybrides, portés aussi bien par Little Simz, qui arbore du Tolu Coker, que par Ashley Graham, muse de Feben. Des journalistes, stylistes et directeurs artistiques de Paris à Londres valident l’ampleur de la métamorphose.
Dans l’univers média, la diversité, la singularité sont mises à l’honneur. La beauté se décline sans barrière de genre, de morphologie ou de couleur. Les Fashion Awards 2025 incarnent ce nouvel élan : ici, les créateurs et modèles s’approprient la scène, hors des sentiers battus. Le big bang stylistique est bien là : la mode inspire, suggère, laisse place à l’interprétation plutôt qu’à l’imposition.
Le lauréat de l’année et les marques qui font bouger les lignes
Jonathan Anderson, inlassable agitateur, rafle pour la troisième fois le titre de Designer of the Year aux Fashion Awards 2025. Le Royal Albert Hall l’acclame, le British Fashion Council salue sa vision : Anderson navigue entre Loewe et JW Anderson, fusionnant savoir-faire, humour et goût de l’inattendu. L’industrie observe, Paris inspire, l’Europe ajuste sa trajectoire.
Autour de lui, la scène créative s’affirme. Sarah Burton, désormais directrice artistique de Givenchy, reçoit le British Womenswear Designer of the Year, offrant des silhouettes puissantes, structurées, presque habitées. Grace Wales Bonner rejoint Hermès pour la mode masculine, sacrée British Menswear Designer of the Year : un parcours qui célèbre la diversité des influences et la poésie du tailoring.
Quelques récompenses témoignent du dynamisme de la scène :
- Steve O Smith décroche le Prix Karl Lagerfeld lors du Prix LVMH 2025. Diplômé de Central Saint Martins, il brouille les frontières entre art graphique et vêtement, dans la lignée de figures comme Pavel Tchelitchev.
- Daveed Baptiste reçoit le prix Empowered Vision 2025, porté par la Fondation familiale Andréa W. et Kenneth C. Frazier et le CFDA. Ce prix offre un soutien financier, un mentorat, une visibilité accrue à une génération qui revendique la différence.
- Yanis Miltgen, distingué Prix de la Jeune Création Métiers d’Art 2024, exposera au Grand Palais en mai 2025. L’accent est mis sur la main, la matière, la transmission : une nouvelle façon d’envisager le luxe.
Le spectre s’élargit : Brunello Cucinelli reçoit l’Outstanding Achievement Award, saluant l’équilibre entre héritage et innovation. Les maisons emblématiques, Chanel, Hermès, Miu Miu, Maison Margiela, croisent la route des nouveaux directeurs artistiques, illustrant une mode en perpétuelle réinvention.
Vers une mode plus libre : s’inspirer pour oser de nouvelles expressions
La nouvelle génération de créateurs ne se contente plus d’interpréter : elle s’affranchit. Yanis Miltgen, sorti de l’Atelier Chardon Savard, fait du Grand Palais un espace d’expérimentation, exposant lors de Révélations 2025. Son parcours, jalonné de prix, Les de(ux) mains du comité Colbert, Hand&Lock the Prize, Start-up de l’Œuvre de la Grande-Duchesse du Luxembourg, incarne cette énergie qui traverse la scène européenne.
Steve O Smith, finaliste du Prix LVMH 2025 et lauréat du Prix Karl Lagerfeld, revendique son héritage artistique. Il cite Pavel Tchelitchev, Paul Cadmus, René Gruau : des références puissantes, des univers qui dialoguent. Smith déconstruit, illustre, sculpte à même le tissu. Il redéfinit le design en mode, brouillant la frontière entre art graphique et vêtement.
Quelques tendances se dessinent chez ces jeunes créateurs :
- Les nouveaux designers, soutenus par le comité Colbert ou mis en avant pendant la Fashion Week de Paris, explorent des territoires hybrides.
- La variété des origines, l’héritage artistique et l’innovation technique nourrissent une créativité décomplexée.
- Chaque nouvelle collection conjugue projet, beauté, équilibre entre confort et audace.
La mode 2025 s’impose comme un terrain ouvert à toutes les expérimentations. Le luxe ne se contente plus de perpétuer ses traditions : il se réinvente à travers chaque geste, chaque révélation. Des talents émergents bousculent les habitudes, investissent Paris, la France, l’Europe avec leur vision singulière. L’avenir du vêtement s’écrit désormais sans frontière, porté par celles et ceux qui osent refuser la répétition.


